Katia, l’assistante du Bus Social Dentaire

  • Par
  • Publié le . Paru dans Profession Assistant(e) Dentaire
Information dentaire
« Quand je rentre chez moi le soir, je me dis que je n’ai pas à me plaindre ! » sourit Katia. Depuis 15 ans, elle travaille pour le Bus Dentaire, qui offre des soins gratuits à ceux qui n’ont pas encore de couverture sociale. Un quotidien qui ne ressemble à celui d’aucune autre assistante.

« J’ai été embauchée par l’association du Bus Dentaire en 2001 en tant que coordinatrice sociale. Avec mes études en droit, je ne connaissais rien au dentaire, si ce n’est mon rendez-vous annuel de détartrage, lors duquel la seule vue du crachoir me dégoûtait complètement ! » rit Katia. Mais le « social » c’est sa passion. Le Bus se déplace chaque jour sur un site différent, et sa patientèle n’est pas celle des cabinets classiques. Une particularité qui n’a pas facilité le recrutement d’une assistante. Au bout de quelques années, c’est donc à Katia qu’on propose le poste.

Sa vocation est née, qui allie humanitaire et médical. « Je ne me verrais pas exercer ailleurs » dit-elle. Son poste ne connaît pas la routine : les patients et leurs situations se suivent et ne se ressemblent jamais.Katia les informe des démarches administratives à suivre pour faire valoir leurs droits. Et puis elle collabore non pas avec un ou deux praticiens, mais 35, qui officient en roulement ! Certains sont à la retraite, d’autres ferment leur cabinet pour offrir quelques heures au Bus. Sur le plan technique, c’est enrichissant : les dentistes sont âgés de 28 à 87 ans, leurs méthodes de travail varient. Katia devient passeuse de savoir quand elle explique à l’un les techniques de l’autre !

Ses deux collègues salariés – le chauffeur et la responsable administrative – et elle sont les seuls permanents dans le Bus Dentaire. Ils gèrent le fonctionnement quotidien. « On a l’impression que ce sont les dentistes qui viennent travailler dans notre cabinet, plutôt que l’inverse ! » dit-elle en riant. Une responsabilité passionnante. D’autant plus que les trois collègues s’entendent à merveille. « Aucun rapport de hiérarchie ici, on est une équipe soudée ».

Au fil du temps, une forte complicité et un grand respect se sont tissés. La clé pour « tenir », face à la détresse et au dénuement des patients. Une dame victime de violences conjugales ayant quitté en urgence son domicile, des ados étrangers sans papiers, des SDF : Katia côtoie tous les jours la souffrance. « On est à l’écoute, on prend soin d’eux ». Ici, le soin dentaire n’est que la base, le but est aussi de guider et réconforter les patients. Quant à la question « où habitez-vous ? » on lui répond « je suis à la rue », Katia rassure : « vous pouvez faire le 115, consulter une assistante sociale pour connaître vos droits ».

Elle parle arabe, anglais, espagnol et italien : c’est rassurant pour les migrants qui sont en terre inconnue. Une visite au Bus peut même aider certains à se « remettre sur les rails », comme cet homme, citoyen français, à la rue depuis 34 jours suite à un divorce et à la faillite de son entreprise. Katia et ses collègues l’ont encouragé à s’en sortir, à contacter le Samu social pour récupérer ses droits. « Heureusement que vous étiez là, leur a-t-il dit plus tard. Vous avez cru en moi, vous m’avez secoué, ça m’a fait du bien ! ».

Et si le Bus Dentaire n’existait pas ? « Je travaillerais pour une association humanitaire. Et quand je serai plus âgée, je ferai du bénévolat ! » dit celle qui est aussi présidente de l’association des parents d’élèves de l’école de son fils. On ne change pas une altruiste qui gagne !

Le Bus Social Dentaire

Exacte réplique d’un cabinet traditionnel, le Bus Dentaire est une structure dentaire et sociale qui répond aux situations d’urgences des personnes défavorisées ; elle travaille à reconstruire le lien social et conduit progressivement les patients vers des structures fixes. Ce Bus va au-devant de personnes qui spontanément ne se rendraient pas dans des cabinets privés ou des centres dentaires. Cette année, 2 200 personnes y ont été soignées.

Créée en 1996 par le Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes, l’association du Bus Social Dentaire travaille de concert avec d’autres associations : Emmaüs, le Samu social, Médecins du monde, etc. Le Bus se déplace sur leurs sites, en fonction des demandes. Il visite aussi des centres d’hébergement de migrants.

L’association emploie trois salariés : un chauffeur, une coordinatrice/responsable administrative, une assistante dentaire/coordinatrice sociale. Les dentistes sont bénévoles.

Thèmes abordés

Commentaires

Laisser un commentaire

Sur le même sujet

Vie de la profession

Des solutions pour prévenir les TMS

Comment agir pour prévenir les troubles musculosquelettiques (TMS) en entreprise ? L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) vient de publier...
Vie de la profession

Article réservé à nos abonnés Essor des usineuses et des imprimantes 3D dans les cabinets dentaires

Dans le contexte actuel de révolution technologique, les cabinets dentaires bénéficient de l’avènement des usineuses et des imprimantes 3D, des outils...
Vie de la profession

Elections professionnelles : les praticiens hospitaliers appelés aux urnes

Les quelques 90 000 professionnels de santé hospitaliers, médecins, pharmaciens et environ 5 500 chirurgiens-dentistes sont appelés à élire, du...
Vie de la profession

Article réservé à nos abonnés Sur dix ans, les revenus professionnels progressent moins vite que l’inflation

Après la hausse spectaculaire des revenus professionnels de 14,51 % en 2021, les revenus 2022 s’érodent de 2,65 % selon...
Vie de la profession

Etudiants en dentaire : participez à l’enquête « Bien être » de l’UNECD

L’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD) lance sa quatrième enquête « Bien être » auprès des étudiants en chirurgie dentaire....
Vie de la profession

Aspiration haut débit : utile face aux bioaérosols mais grande source d’inconforts

L’utilisation d’une aspiration haut débit au fauteuil est ressentie par les chirurgiens-dentistes et les assistant(e)s dentaires comme une protection plutôt...